20/11/2010
16/11/2010
APPARENCES
DOUTE
Le mythe fondateur qui entoure la carrière de Richter localise le moment de sa naissance artistique en 1959 lorsqu’il quitte sa ville natale de Dresde pour l’ouest voir la Documenta 2 - une des plus grandes expositions d’art moderne et contemporain – de Kassel. Dans les peintures de Pollock, le travail de Fontana et de Jacques Fautrier il rencontre un art sans limite, sans règle, qui casse le joug du pouvoir coercitif socialiste sur son éducation artistique. En tant qu’étudiant à l’académie des Beaux Arts de Dresde (en ex RDA), il n’a eu qu’un petit accès au travail contemporain de l’ouest, seul les artistes avant l’impressionnisme, et quelques figures approuvées comme Picasso. Cet événement va déclencher son départ précipité de l’Est. Second acte du mythe fondateur, il se retrouve à Berlin avec une seule valise contenant quelques effets personnelles, laissant derrière lui une voiture récemment acquise, sa mère qu’il ne reverra jamais et les diapositives prise à Kassel, unique témoin, oeuvre par oeuvre, de la fascination et de la fulgurante illumination qu’il a subi - les historiens de l’art se mordent encore les doigts de cet abandon, quelque part dans un studio de Dresde. Lorsqu’il intègre l’école des Beaux Arts de Dusseldorf, il baigne dans grand maelstrom d’influences –les professeurs Karl Otto Gotz et Joseph Beuys.. – et les intervenants – Robert Rauschenberg, Georges Maciunas…- le mette face à une multitude de démarches nouvelles, d’idées, de façon de penser, de remise en question de l’académisme, qui ébranle complètement sa vision de l’art. La peinture expressive qu’il pratique lui semble épuisée, les gestes abstraits – qui fabriquent un monde indépendant et tournée sur eux-mêmes –étranger à ses désirs. « Ce qui me pousse vers la peinture et l’art en général, c’est le besoin de communiquer, l’effort de fixer une vision, de négocier avec les apparences. J’aimerai comprendre les choses et ensuite les peindre ». (2)
NOUMENE
De façon générale, il sent que l’art qui copie la nature n’est pas viable, car il passe par un processus subjectif d’interprétation – regarder, percevoir, interpréter les apparences, en former une composition visuelle, dessiner, ajouter des couleurs, obtenir la lumière désirée est subjectif – et Richter la déteste. « Je me méfie pas de la réalité, dont je ne sais à peu près rien, je me méfie de l’image de la réalité transmise par nos sens, qui est imparfaite et illimité »(3). Il prend en fait garde à la médiation qu’opèrent les expériences passées sur les images de la réalité passant dans notre oeil. Il touche alors ici à un concept philosophique central, celui de la dichotomie entre le monde tel qu’il est et celui que nous percevons, appelé le noumène et exploré notamment par Kant. Le monde que nous connaissons est organisé au moyen de notre sensibilité et de notre entendement. Les objets se règlent sur notre connaissance, à travers le prisme limité de notre structure mentale. Les choses telles qu’elles sont en elles-mêmes, au-delà de leur réalité phénoménale, nous ne pouvons les connaitre. La réalité n’est pas percue telle qu’elle est, ce n’est qu’une image fabriqué et dérivé de nos sens, la nature actuelle du monde extérieure reste pour toujours insolvable et mystérieuse. « L’illusion, l’apparence, le semblant... est le thème de ma vie... » (4)
OBJECTIVITE
“Ce serait une erreur de penser que la peintre travaille sur une surface blanche et vierge. L’entière surface est déjà virtuellement investi avec toute une sorte de clichés, avec lesquels le peintre doit négocier.”(5). Gerhard Richter, au lieu de lutter contre ces empreintes virtuelles rempli la toile avec des images « ready-made » de tous les jours provenant de photographies qu’il extrait de magazines, de livres, de la télévision…Il utilise le médium photographique comme un moyen didactique, lui permettant de conserver une objectivité entre lui et le monde et ainsi ne pas se faire tromper par ses propres sens. Il projette ces images sur la toile, en défini méticuleusement les contours, toujours en noir et blanc, puis petit à petit les choses deviennent moins certaines. Il floute les traits pour les rendre tous aussi important, il plonge les sujet dans un monde brumeux pour mettre tout ses parties sur le même plan, pour ne pas afficher d’informations plus importantes. L’image résultant perturbe la possibilité de localiser un quelconque punctum (6) dans un champ où tout devient studium ce qui défie toute manière de lire l’oeuvre en elle même et pour elle-même, garantissant une image décomplexé de toute intervention subjective, déproblématisé de tout fait, presque uniformément grise. Il constitue en parallèle un Atlas qui collecte exhaustivement toutes les images qui le marquent, il s’y côtois les victimes de l’holocauste, des people, des acteurs porno, les héros quotidien des faits divers, de grandes figures historiques…puis aussi ses photographies personnelles, des nuages, des couleurs et plus tard ses proches, du monde de l’art, ses amis, sa famille, décédé, actuelle et naissante..Certaines seulement sont peintes, mais dans les planches de l’Atlas comme dans les gammes de tableau, la mise en rapport des sujets sélectionnées, leur mise en tension, font apparaitre le monde intérieur de Richter. Qui est là ? Avec qui ? qui est absent ? qui sont-ils ?...Ce n’est pas l’oeuvre en elle-même mais la totalité qui crée une ontologie. Une foule d’entrée implicite vers son prisme mental. Il ne dit presque jamais rien, juste par l’observation de la multitude transpire ces influences, ces désirs, ces actes manqués, ces amours…A force d’effacement et de didactisme nait un surréalisme.
CITIES, 1968
Atlas, planches [119] et [120]
Si l’on respecte le sens de lecture naturel de l’oeil, on voit tout d’abord sur la planche de gauche 6 photographies de tailles modestement différentes, représentant des vues aériennes de villes. Deux églises, puis deux grandes avenues percées au travers d’un bâti dense, puis deux opérations modernistes, barres de logements et une tour. Deux morceaux de scotchs formant un recadrage carré sur ce qui semble être l’arc de triomphe marque l’intervention non plus de l’oeil
mais de la main de Richter, annonçant ce qu’il se passe sur la planche suivante. Notre regard dérive alors vers la droite, la structure à bien changée. Douze photographies carrées apparaissent dans une trame. Trois photographies par ligne montrent un panorama. La variation du sujet s’effectue de colonnes en colonnes. Il reste le même, une opération urbaine moderniste et les différences s’expriment par un cadrage de plus en plus serré et par une visibilité de plus en plus flou. On se retrouve avec un tryptique final abstrait, n’offrant plus de distinction entre photographie et peinture.
[119]
A travers ces collages simples de fragments anonymes de villes occidentales se déroulent l’histoire de la ville européenne. Un cœur historique un peu confus, des remaniements régulateurs tranchants et puis le joug de l’hygiénisme moderniste, soit totalement radical soit ponctuellement violent. Ce que l’on voit ici, c’est la sédimentation des époques, des pensées, la succession des politiques de la ville ; c’est le catalogue des acteurs, des figures qui ont marqué l’urbanisme et la planification urbaine. Ces simples collages, la mise en rapport des photographies sélectionnées nous font entrer dans la fabrique urbaine. Les images et la structure sous-tendus derrière les choix suffisent à nous expliquer comment la ville est le produit de l’histoire – cela semble clair – le temps, la politique, l’économie, constitue un territoire palimpseste de bâtiments, de places, de tracés.
[120]
Richter semble interrogateur lorsqu’il effectue ces cadrages de plus en plus rapproché et de plus en pus flou sur une opération urbaine moderniste. De colonnes en colonnes disparaissent les bâtiments, les parallélépipèdes, les zigzags deviennent des motifs abstraits d’une composition aux règles inconnues. La ville est décontextualisée, déshumanisée. Le sol sédimenté disparaît, il n’est qu’un socle, une toile où apparaissent des objets. Le chaos est nettoyé, les influences, le
hasard, l’incertain perdu. La ville devient objective, c’est un système d’objets composé sur un sol neutre. Une tension nait entre les réalités que constitue chaque page. Le contraste entre la profonde sédimentation de la ville historique, et la tabula rasa de l’action moderniste nous amène à un hiatus sur la vision contemporaine de la ville, et d’une manière projective sur le pouvoir qu’on peut désormais exercer sur elle. L’absence totale de négociations de la ville moderniste nous plonge dans l’abstraction des grands gestes – fabriquant une réalité autonome – et prouve la certaine incapacité de la simple géométrie et de la composition à régler les problèmes du matériau complexe de la ville. Il dépasse désormais toute structure mentale unique, toute sensibilité, toute expérience, il est désormais impossible de l’envisager comme une réalité. La ville est une multitude croisée de réalités pris dans un mouvement incertain continuel.
Notes
1. 2. 3. 4. Gerhard Richter, Notes
5. Gilles Delueze, Commentaire sur l’oeuvre de Francis Bacon
6. Roland Barthes, la chambre Claire
Lectures
. Gerhard Richter, Atlas, 2006, edited by Helmut Friedel
. Paul Moorhouse, Gerhard Richter Portraits, 2009, Yale University Press
. Stefan Gronert, Hubertus Butin, Gerhard Richter: catalogue raisonnée, 2009, Hatje Kantz
. Gerhard Richter&Hans-Ulrich Obrist,Conversations,1999;Écrits d’artiste
. Emmanuel Kant, Critique de la raison pure, 2006, Flammarion
FM
12/11/2010
AU PEUPLE SILENCIEUX
Il s'arrête avant l'ombre, avant que la descente ne l'emporte. Il s'arrête car un peuple silencieux l'acclame.
Sa négligence salue ceux qui s'absentent et commence son discours contre le temps. Des gestes fébriles et inharmonieux comme introduction, il choisit ses arguments. Les coudes maintenant abattus sur la rambarde ses mains portent ses oreilles. Tous convaincus, il choisira de tortueuses postures pour supporter un peu plus sincèrement ces minutes gagnées ou perdues.
Quelques pas de chaque coté, trop lents pour être ceux d'un ivrogne, puis viens l'heure du final. Un simple hochement de tête et quelques touches amicales sur la rambarde lui ont suffi à conclure par un fiasco cette quête de quelques minutes d'un jeudi après-midi.
text/pict: ae, Rio
08/11/2010
JS, UNE CHAMBRE, EXARCHIA, 03:47
Le livre /
Le film /
Im Lauf der Zeit, par Wim Wenders, 1976 /
Film simple en noir et blanc suivant la vie de Bruno qui travaille dans de petites salles de cinéma / Il va rencontrer par hasard, Robert, attristé par une déchirure amoureuse / S’en suivra un road trip en camion le long de la frontière de la RDA et de la RFA / Réalisé en douze semaines, avec un script d’une page et un itinéraire défini, ce film est plein de spontanéité et d’errance / Un film-aventure dans lequel les dialogues sont quasi inexistants, les scènes longues et les actions lentes /Un éloge de la banalité.
L'album /
EVES , label de musique, Italie /
EVES signifie : Extraordinary Vision and Esthetic Sounds /Un label de musique italien entre sons, musiques d’ambiances, mathématiques, bruits énigmatiques et images / Des collages musicaux.
Pict : JS, Autoportrait de dos
LA GUERRE ET LA PAIX
Text. Tolstoï, la guerre et la paix, page 397
Pict. FM, Williamsburg parc NY
06/11/2010
TAO
Pict. FM, Magasin de souvenirs, Paris
30/10/2010
Tolstoï
Pict. FM, Washington Street, NY
29/10/2010
MA FATIGUE EST SINCERE
Appuie-toi l'ami, repose ton corps, oublie ce que ta mère t'a dit, ou même ton aîné, courbe-toi et succombe à ces idées faciles, engraisse-toi de réconfort sucré, délecte-toi de ces successions d'images qui te rassurent. Regarde comment mes langues de béton usé sont généreuses, elle croient déjà à ta tristesse, et à ta paix. Oui, je suis un ami facile et je n'ai que toi, mais n'est-ce pas suffisant pour quelques minutes. Comme les héros fatigués qui grossissent de sagesse je te raconterais ton règne impossible, je surenchérirais jusqu'à l'absurde. Mon histoire est finie alors nous partagerons la tienne. Et si par chance le soleil veut bien nous accorder un peu de sa compassion alors il y aurait des ombres pour appuyer notre conte et nous nous réchaufferons du vent.
Assis-toi, voilà, non, ta cigarette ne me dérange pas, n'aie pas peur, crois seulement à mon écoute car ma fatigue est sincère.
picst,text. ae, Rio
28/10/2010
27/10/2010
OU BIEN, OU BIEN
26/10/2010
SATORI A PARIS
Tous me décochèrent des regards absolument noirs lorsqu’ils entendirent mon nom, comme s’ils se marmonnaient intérieurement : « Kerouac , je peux écrire dis fois mieux que ce cinglé de beatnik, et je le prouverai avec ce manuscrit intitulé Silence au Lip, tout sur la manière dont Renard entre dans le hall en allumant une cigarette, et refuse de voir le triste et informe sourire de l’héroïne, une lesbiennes sans histoire, dont le père vient de mourir en essayant de violer un élan, à la bataille de Cuckamonga ; et Philippe, l’intellectuel entre, au chapitre suivant, en allumant une cigarette, avec un bond existentiel à travers la page blanche que je laisse ensuite, le tout se terminant par un monologue de la même eau , etc,..tout ce qu’il sait faire, ce Kerouac, c’est écrire des histoires, hhan. » - « et tout est de si mauvais goût, pas même une seule héroïne bien définie, en pantalon domino, crucifiant des poulets pour sa mère, avec marteau et clous dans un évènement dans la cuisine. »
Hac, la seule chose que j’ai envie de chanter, c’est le vieil air de Jimmy Lunceford :
C’est la manière dont tu le fais
Text : Satori à Paris, Jack Kerouac, 1966
Pics. FM, Métro&Le Floréal, Paris
24/10/2010
VOIR LES FILLES DEFILER COMME LES CHEVAUX COURIR
Pour sentir le précieux liquide vinicole se déverser dans nos gorges nous devons nous diriger vers l’intérieur, nouvelle étape -peu de surprises - une exposition anodine, apparemment. Nous échangeons quelques éclats de rires partagés sur le récit des aventures de l’été, quelques regards à peine appuyés sur les jeunes femmes environnantes, et le show commence.
Entrée fracassante de la musique, passage express des premières juments, le pas rapide, à peine le temps de voir comment se déroule la course, elles disparaissent derrière le mur blanc qui nous sépare d’elles. Que s'est-il passé? Nous sommes au milieu de la foule, timide.s Le rythme se calme, une danseuse métisse prend la pose Degas dans un coin et surveille le défilé minutieux de ses amies. La température monte, extrêmement rapidement, les bulles du champagne prennent des dimensions inconsidérées et se mélangent aux bribes de filles que nous apercevons, expérience est photographique, tout se partage par snapshots, par entrebâillement de murs et de gens, tout va trop vite, tout est sublime, c’est déjà fini, nous sommes assommés.
Retour vers l’extérieur, nouveau départ. Les discussions reprennent mais nos rotules continuent de danser, nous partageons des détails, les cigarettes se rallument, les verres se remplissent. Sommes-nous bien réels ? Le temps passe trop vite qu’une nouvelle session s’entame. Sans trop bien comprendre ce qui nous a nourri, son goût persistant nous rappelle.
En fins stratèges nous décidons cette fois de nous mettre à nu, face aux filles, seul dans l’embrasure de la porte, pour vérifier leur réalité.
Peu de mots pourront décrire ce qui va suivre. Cette fois l’expérience est totale. Elles sont face à nous et entières. Elles animent les peintures, elles donnent enfin aux photographies exposées leur valeur romantique, tout est finement étudié pour nous faire tressaillir. Leurs personnalités physiques s’adaptent aux coupes des vêtements, tout semble tissé pour ce moment même, les filles tournent maladroitement mais font virevolter habilement la collection ; notre œil en se posant sur leur perfection tente d’en reconnaitre les abîmes, mais sitôt qu’ils semble se dévoiler le tissu nous ramène à la raison, érotisme machiavélique pour esthètes sophistiqués. Les regards qu’elles nous concèdent ne sont plus supportables. Les griffes sont refermées, notre chair commence à en sentir la douleur. La musique s’arrête, les filles rentrent au garage. La grisaille du pavé parisien nous frappe de plein fouet, il va nous falloir quelques heures pour nous en remettre.
Text/Pict. FM, Galerie Agnès.B, Paris
23/10/2010
22/10/2010
J'AIME MIEUX RACONTER DES HISTOIRES
11/10/2010
DE L'AMITIE
« J’ai toujours auprès de moi une présence importune », pense le solitaire. « Toujours une fois un, cela finit par faire deux, à la longue.
Je et Moi sont engagés dans un dialogue trop véhément. Comment serait-il supportable, s’il n’y avait l’ami ? »
Pour le solitaire, l’ami est toujours un tiers ; le tiers est le flotteur qui empêche le dialogue des deux de sombrer aux abîmes.
Hélas ! il y a toujours trop d’abîmes pour tous les solitaires. C’est pourquoi ils ont une telle soif de l’ami et de son altitude.
Notre foi en autrui trahit ce que nous voudrions pouvoir croire de nous-mêmes. Le désir que nous avons d’un ami nous trahit.
Et souvent l’amour ne sert qu’à surmonter l’envie. Et souvent l’on n’attaque et l’on ne se fait un ennemi que pour cacher que l’on est vulnérable.
« Sois à tout le moins mon ennemi ! » —ainsi parle le véritable respect qui n’ose solliciter l’amitié.
Si l’on veut avoir un ami, il faut vouloir aussi se battre pour cet ami ; et pour se battre, il faut pouvoir être ennemi.
Il faut honorer dans son ami l’ennemi même. Peux-tu venir près de ton ami sans passer dans son camp ?
Il faut avoir en son ami son meilleur ennemi. C’est en lui résistant que tu seras le plus près de son cœur.
Tu ne veux porter aucun voile pour ton ami ? Tu penses faire honneur à ton ami en te montrant à lui tel que tu es ? Mais pour t’en remercier, il t’envoie au diable.
Celui qui ne dissimule rien de soi excite notre indignation ; voilà pourquoi il vous faut tant craindre la nudité. Si vous étiez des dieux, bien sûr, c’est de vos vêtements que vous auriez honte.
Tu ne saurais assez te parer pour ton ami ; car tu dois être pour lui la flèche du désir élancé vers le Surhumain.
As-tu déjà vu dormir ton ami, afin de le connaître tel qu’il est ? Quel est donc le visage coutumier de ton ami ? C’est ton propre visage, vu dans un miroir grossier et imparfait.
As-tu déjà vu dormir ton ami ? N’as- tu pas eu peur en le voyant tel qu’il est ? O mon ami, l’Homme est ce qui doit être dépassé.
Il faut que l’ami soit passé maître dans l’art de deviner et de se taire ; garde-toi de vouloir tout voir. Que ton rêve te révèle ce que fait ton ami qui veille.
Que ta pitié soit divinatrice ; sache d’abord si ton ami souhaite ta pitié. Peut-être aime-t-il en toi l’œil impassible et le regard de l’éternité.
Que ta pitié pour ton ami se dissimule sous une écorce rude ; casse-toi une dent sur cette pitié ; elle aura alors finesse et douceur.
Es-tu pour ton ami air pur et solitude, et pain et remède salutaire ? Plus d’un qui n’a pu libérer ses propres chaînes a su pourtant en libérer son ami.
Es-tu esclave ? Tu ne pourras être ami. Es-tu tyran ? Tu ne pourras avoir d’amis.
Trop longtemps il y a eu chez la femme un esclave et un tyran cachés. C’est pourquoi la femme n’est point encore capable d’amitié : elle ne connaît que l’amour.
Il y a de l’injustice dans l’amour de la femme, et de l’aveuglement à l’égard de tout ce qu’elle n’aime pas. Et même dans l’amour éclairé de la femme, il reste toujours, à côté de la lumière, la surprise, l’éclair et la nuit.
La femme n’est pas encore capable d’amitié ; des chattes, voilà ce que sont les femmes, ou des oiseaux ; ou, tout au plus, des vaches.
La femme n’est pas encore capable d’amitié. Mais dites-moi, hommes, qui d’entre vous est capable d’amitié ?
Hélas, quelle pauvreté est la vôtre ! Et combien grande la parcimonie de vos âmes ! Ce que vous donnez à votre ami, je suis prêt à l’offrir à mon ennemi, et je ne me sentirai pas appauvri d’autant.
La camaraderie existe : puisse l’amitié naître !
text : Friedrich NIETSZCHE, Ainsi parlait Zarathoustra (1883-1885), Les discours de Zarathoustra.
pic: anonyme, Walker Evans, 1937
04/10/2010
01/10/2010
ECHAPPES CHAMPETRE
Ils tentèrent de fuir.
On ne peut vivre longtemps dans la frénésie. La tension était trop forte en ce monde qui promettait tant, qui ne donnait rien. Leur impatience était à bout. Ils crurent comprendre,un jour, qu'il leur faillait un refuge.
Leur vie,à Paris, marquait le pas, Ils n'avançaient plus. Et ils s'imaginaient parfois - enchérissant sans cesse l'un sur l'autre avec ce luxe de détails faux qui marquait chacun de leur rêves - petit-bourgeois de quarante ans, lui, animateur d'un réseau de ventes au porte-à-porte (la Protection familiale, le Savon pour les Aveugles, les Etudiants nécessiteux), elle, bonne ménagère, et leur appartement propret, leur petite voiture, la petite pension de famille où ils passeraient toutes leur vacances, leur poste de télévision. Ou bien à l'opposé, et c'était encore pire, vieux bohèmes, cols roulés et pantalons de velours, chaque soir à le même terrasse de Saint-Germain ou de Montparnasse, vivotant d'occasions rares, mesquins jusqu'au bout de leur ongles noirs.
Ils rêvaient de vivre à la campagne, à l'abri de toute tentation. Leur vie serait frugale et limpide. Ils auraient une maison de pierres blanches, à l'entrée d'un village, de chauds pantalons de velours côtelé, des gros souliers, un anorak, une canne à bout ferré, un chapeau, et ils feraient chaque jour de longues promenades dans les forêts. Puis ils rentreraient , ils se prépareraient du thé et des toasts, comme des Anglais, ils liraient les grands romans qu'ils n'avaient jamais eu le temps de lire, Ils recevraient leurs amis.
ces échappés champêtres étaient fréquentes, mais elles atteignaient rarement le stade de vrai projets. Deux ou trois fois, il est vrai, ils s'interrogèrent sur les métiers que la campagne pouvait leur offrir : il n'y en avait pas.
text : George Perec / les choses
pict : ae, Denderlew Belgique
28/09/2010
PICS TAKEN WHILE GOOD MUSIC WAS PLAYING
Fever Ray - Keep the streets empty for me - 5th Avenue & 28th street, New York
Aloe Blacc - Green Lights - Venice Avenue, Los Angeles
Cette nouvelle série de libellés s'inspire du travail de Hans-Peter Feldmann, Pictures of Car Radios Taken While Good Music was Playing.
Climats de l'instant, il vous suffit de cliquer sur le gras titre pour les partager.
Pics. FM
AUX PASSANTES
Text&Pics. Eric Rhomer, L'amour l'après-midi, 1972
IL EN A BESOIN
A la table de qui le Juste refuserait-il de s’asseoir
S’il s’agit d’aider la justice ?
Quel remède paraîtrait trop amer
Au mourant ?
Quelle bassesse refuserais-tu de commettre
Pour extirper toute bassesse ?
Si tu pouvais enfin transformer le monde, que
N’accepterais-tu de faire ?
Qui es tu ?
Enfonce-toi dans la fange,
Embrasse le bourreau, mais
Change le monde : il en a besoin !
text. Bertolt Brecht, Manuel pour habitant des villes
pict. ae, Jardin du Luxembourg
27/09/2010
WHILE THE WORLD IS MANY DIMENTIONAL
24/09/2010
ALORS QU'IL N'EST PAS SI TARD
Alors qu'il n'est pas si tard, les ombres ont déjà pris leurs places effrayantes et avec elles s'entrelacent nos doutes. C'est l'heure séduisante de la nuit, avant son calme indolent. Les enfants s'agitent, ces messagers naïfs. Ailleurs des gens crient, preuve indéniable d'un courage fugitif. Les petites tables se rétrécissent et les lampes de chevet fanent. C'est la dernière heure de l'extraordinaire, du poignard aveugle aux aveux amoureux du laid, il est encore possible de croire à cette heure là.
pict/text : ae
C'EST GORKI OU LENINE OU MAIAKOVSKI JE NE SAIS PLUS
“Hypothèse A, la vie sociale et toute action politique est totalement dépourvue de sens. Hypothèse B l’histoire a un sens. Je ne suis absolument pas sûr que l’hypothèse B ait plus de chance d’être vraie que l’hypothèse A, je peux même dire qu’elle en a moins. Admettons que l’hypothèse B n’a que 10 pour cent de chances et l’hypothèse A quatre vingt dix pour cent. Néanmoins je ne peux pas ne pas parier pour l’hypothèse B parce qu’elle est la seule, l’histoire à un sens, elle est la seule qui me permette de vivre. Admettons que j’ai parié pour l’hypothèse A et que l’hypothèse B se vérifie malgré ses dix pour cent de chance seulement alors j’ai absolument perdu ma vie. Donc je dois choisir l’hypothèse B parce qu’elle est la seule qui justifie ma vie et mon action. Naturellement, il y a quatre vingt dix pour cent de chance que je me trompe, mais cela n’a aucune importance. -C’est ce qu’on appelle l’espérance mathématique, c’est-à-dire le produit du gain par la probabilité. Dans le cas de ton hypothèse B, la probabilité peut être faible mais le gain est infini puisque c’est pour toi le sens de ta vie et pour Pascal le salut éternel. - C’est Gorki ou Lénine ou Maiakovski je ne sais plus qui disait à propos de la Révolution russe, à propos de la prise du pouvoir, que la situation était telle à ce moment là qu’il fallait mieux choisir la chance sur mille, parce que l’espérance en choisissant cette chance sur mille, était infiniment plus grande qu’en ne la choisissant pas”
Dialogue entre Vidal et Jean-Louis l’ingénieur, Ma nuit chez Maud, Eric Rohmer 1969
Pics. Ma nuit chez Maud, Eric Rhomer 1969
JAUNE ADULESCENCE
Homme:” tu ne bois rien? tu as encore quelque chose à faire cette nuit?”
Femme:”suis je donc autre que d’habitude”
H:”autre, comme toujours”
F:”ça veut dire quoi?”
H:”tu es de ces rares gens en présence desquels on n’a pas besoin d’avoir peur, tu es une femme pour qui il n’est pas nécessaire de jouer un rôle”
text: Peter Handkle,la femme gauchère
pict. ae
19/09/2010
MARTIN, CAFE DIVINE, SAN FRANCISCO, 17:06
Sigmunt. Ben mon vieux Martin nous voilà arrivés à San Fransico, après quelques jours à Brooklyn, te voilà sur la côte californienne, en terrasse d’un café français, en train de boire un verre de vin et fumant une clope, on se refait pas, hein!
Martin. Eheh
S. Comme tu sais je tiens un blog qui porte haut les couleurs de l’internationale trouduc, dont je suis désormais la figure représentative. Il m'est venu une idée il y a quelque temps, celle d'interroger mes amis, mes proches, les gens qui semblent avoir quelque chose à dire ou à penser sur un film, un livre et éventuellement un album, et de les laisser commenter ce choix, dans un lieu qu'ils ont préalablement choisi. Voilà: tu as l'honneur d'être le premier.
M. Hum, hum merci...c'est beaucoup de considération.
En arrivant chez toi il y a quelques jours, l'atmosphère du quartier (dans le Brooklyn encore entièrement noir où des vieux jouent aux dames dans la rue berçant leurs paresseuses journées par du doux reggae) cela m'a rappelé ce film, Smoke de Wayne Wang. C'est la suite d'un documentaire fiction écrit et réalisé par Paul Auster, Brooklyn Boogie. Il reprend le personnage principal et l'incorpore dans une série de plusieurs histoires d'individus qui se croisent sans cesse à Brooklyn. Dans ce chassé-croisé pathétique, le veuf, le tabagiste, le fils qui recherche son père, c'est le quartier l'élément principal du film. Ce n’est pas la version sauve villageoise du quartier. Ca parle de l'épuisement du lieu, du tabagiste qui tous les matins prend en photo le croisement devant sa boutique, de ces personnages qui cherchent quelque chose ailleurs, mais qui se croisent dans cet extérieur puissant. Cela parle simplement de la solitude dans la métropole et comment le monde de Brooklyn leur permet de survivre. En marchant dans la rue pour la première fois là-bas, j'ai pensé à Smoke.
Pour le livre, je crois que je vais revenir plutôt à mon côté sentimentaliste, faire un petit clin d’oeil au trouducisme bien européen avec Lady Chatterlay's Lover de D.H Lawrence. Je crois que l'aristocratie anglaise est aujourd’hui intéressante car elle était extrêmement puissante dans sa manière d'enfermer les gens dans leur propre classe. Quand je pense à Lady Chatterlay, et comment par un amour incontrôlé entièrement érotique elle sort de sa condition d'aristocrate, j'arrive à imaginer quand je vois deux personnes dans la rue se regarder, bien que complètement anonyme et inconnus l'un de l'autre, qu’ils peuvent encore malgré eux trouver la possibilité d'avoir une relation réelle.
Smoke, Wayne Wang, 1995
Lady Chatterlay's Lover , D.H Lawrence, 1928
Pict. FM
18/09/2010
LAZY
01. Ageing - Gonjasufi - A Sufi And A Killer - 2010
02. Green Is The Colour - Pink Floyd - More - 1969
03. Look at me - John Lennon - Acoustic - 1970
04. Psychotic Girl - The Black Keys - Attack And Release - 2008
05. Julia Dream - Pink Floyd - Relics - 1971
06. Lovers Carvings - Bibio - Ambivalence Avenue - 2008
07. Helplessly Hoping - Crosby, Stills & Nash - Crosby, Stills & Nash- 1969
08. Strange Meetin II - Nick Drake
09. Amo Bishop Roden - Boards Of Canada - In A Beautiful Place Out In The Country - 2000
pics. Hiroshi Sugimoto
a saisir ici
14/09/2010
INTESTELLAR OVERDRIVE
01. Grantchester Meadows - Pink Floyd - Ummagumma Studio Album - 1969
02. If I Had a Heart - Fever Ray - Fever Ray – 2009
03. Several Species Of Small Furry Animals Gathered Together In A Cave And Grooving With A Pict - Pink Floyd - Ummagumma Studio Album – 1969
04. Pruit Igoe & Prophecies - The Philip Glass Ensemble – 1998
05. Crying Song – Pink Floyd – More – 1969
06. Johannes-Passion (St. John Passion), BWV 245 – Peter Kooy (Bass); Barbara Schlick (Soprano); William Kendall (Tenor); Howard Crook (Tenor); Peter Lika (Bass); Catherine Patriasz (Alto); Gent Collegium Vocale; La Chapelle Royale; Philippe Herreweghe (Conductor)- Johannes Passion – 1986
07. The Grand Vizier's Garden Party (Entrance) – Pink Floyd - Ummagumma Studio Album – 1969
08. Edges of Illusion - John Surman – Upon reflection – 1979
09. The Grand Vizier's Garden Party (Entertainment) – Pink Floyd - Ummagumma Studio Album – 1969
10. The Grand Vizier's Garden Party (Exit) – Pink Floyd - Ummagumma Studio Album – 1969
11. Planetes – Mondkopf – Galaxy of Nowhere – 2009
12. Not Yet Remembered - Brian Eno and Harold Budd - Ambient 2/The Plateaux Of Mirror – 1980
13. Metamorphosis Five – Philip Glass – Solo Piano - 1989
14. Alan's psychedelic Breakfast – Pink Floyd – Atom Hearth Mother - 1970
pics. Ivan Leonidov, Palais de la Culture du quartier Proletarskij (« Prolétariat »)
a saisir ici
LE TOUR COMME EPOPEE
Le monde nous envie le Tour de France, surtout depuis que le vélo est trendy, en particulier dans ses versions les plus édulcorées. Et déjà les nouveaux esthètes de la bicyclette se saisissent des signes anciens d’un Tour encore mythique : casquettes, bidons, maillots et autres signes de la “caravane” s’échangent sur la toile comme les trophées d’un monde révolu et éventuellement renaissant. Petite gourmandise des années 50, le récit qu’en fait R. Barthes dans ses Mythologies est assez fascinant. Suffisamment désuet pour l’apprécier comme un délice d’archives, la lecture qu’il en fait n’en reste pas moins pointue.
BOBET Louison . Bobet est un héros prométhéen ; il a un magnifique tempérament de lutteur, un sens aigu de l’organisation, c’est un calculateur, il vise réalistement à gagner. Son mal, c’est un germe de cérébralité (il en a moins que son frère, n’étant, lui, que bachelier) ; il connaît l’inquiétude, l’orgueil blessé : c’est un bilieux. En 1955, il a dû faire face à une lourde solitude : privé de Koblet et de Coppi, devant lutter avec leurs fantômes, sans rivaux déclarés, puissant et solitaire, tout lui était menace, le danger pouvant surgir de partout (“il me faudrait des Coppi, des Koblet, car c’est trop dur d’être seul favori”). Le bobétisme est venu consacrer un type de coureur très particulier, où l’énergie est doublée d’une intériorité analytique et calculatrice.
BRANKART . Symbolise la jeune génération montante. A su donner de l’inquiétude à ses aînés. Rouleur magnifique, d’humeur offensive sans cesse renaissante.
COLETTO . Coureur le plus élégant du Tour.
COPPI . Héros parfait. Sur le vélo, il a toutes les vertus. Fantôme redoutable.
DARRIGADE . Cerbère ingrat, mais utile. Serviteur zélé de la Cause tricolore, et pour cette raison, pardonné d’être un suceur de rou, un geôlier intraitable.
De GROOT. Rouleur solitaire, taciturne batave
GAUL . Nouvel archange de la montagne. Éphèbe insouciant, mince chérubin, garçon imberbe, gracile et insolent, adolescent génial, c’est le Rimbaud du Tour. A de certains moments, Gaul est habité par un dieu ; ses dons surnaturels font alors peser sur ses rivaux une menace mystérieuse. Le présent divin offert à Gaul, c’est la légèreté : par la grâce , l’envol et le plané (l’absence mystérieuse d’efforts), Gaul participe de l’oiseau ou de l’avion ( il se pose gracieusement sur les pitons des Alpes, et ses pédales tournent comme des hélices ). Mais parfois aussi, le dieu l’abandonne, son regard devient alors “étrangement vide”. Comme tout être mythique qui a le pouvoir de vaincre l’air et l’eau, Gaul, sur terre, devient balourd, impuissant ; le don divin l’encombre ( “je ne sais pas courir autrement qu’en montagne. ET encore en montée, seulement. EN descente je suis maladroit ou peut être trop léger” ).
GEMINIANI (dit Raph ou Gem) . Court avec la régularité loyale et un peu obtuse d’un moteur. Montagnard honnête mais sans flamme. Disgracié et symathique. Bavard.
HASSENFORDER (dit Hassen le Magnifique ou Hassen le Corsaire) . Coureur combatif et suffisant (“des Bobet, moi, j’en ai un dans chaque jambe”). C’est le guerrier ardent qui ne sait que combattre, jamais feindre.
KOBLET, Pédaleur de charme qui pouvait tout se permettre, même ne pas calculer ses efforts. C’est l’anti-Bobet, pour qui il reste , même absent, une ombre redoutable, comme Coppi.
KUBLER (dit Ferdi, ou l’Aigle de l’Adziwil). Angulaire, dégingandé, ses et capricieux, Kubler participe au thème du galvanique. Son jump est parfois soupçonné d’artificialité. Tragediante-comediante ( tousse et boite seulmenet quand on le voit). En sa qualité de Suisse allemand, Kubler a le droit et le devoir de parler petit-nègre comme les Teutons de Balzac et les étrangers de la Comtesse de Ségur (“Ferdi malchanceux. Gem toujours derrière Ferdi. Ferdi peut pas partir”).
LAUREDI . C’est le traître, le maudit du Tour 55. Cette situation lui a permis d’être ouvertement sadique : il a voulu faire souffrir Bobet en devenant sangsue féroce derrière sa roue. Contraint d’abandonner : était-ce une punition ? en tout cas, sûrement un avertissement.
MOLINERIS . L’homme du dernier kilomètre.
ROLLAND (Antonin) . Doux, stoïque, sociable. Routier dur au mal, régulier dans ses performances. Gregarius de Bobet. Débat cornélien : faut-il l’immoler ? Sacrifice type, puisque injuste et nécessaire.
Text. Roland Barthes dans Mythologies, 1957
03/09/2010
01/09/2010
LA DELICIEUSE SOLITUDE LONGE SOUVENT LE BORD DE LA ROUTE
” Tout ce que je touche me fait mal, et , enragé des supplices que je veux attribuer à des puissances inconnues qui me persécutent et entravent mes efforts depuis tant d’années, j’évite les hommes, néglige les réunions, décommande les invitations, et éloigne les amis.
Il se fait autour de moi du silence et de la solitude : c’est le calme du désert, solennel, horrible, où par bravade je provoque l’inconnu, luttant corps à corps, âme à âme.
Je me sens sublime , flottant sur la surface de quelque mer : j’ai levé l’ancre et je n’ai nulle voilure.”
text. August Strindberg / Inferno
pics. Vahram Aghasyan
ELLES NE M'EXCUSERONT PAS TOUTES
NOUVEAU PROLETARIAT
Text. James Graham Ballard, Millenium People
pics. Martin Parr