28/09/2010

PICS TAKEN WHILE GOOD MUSIC WAS PLAYING

Daft Punk - Revolution 909 - 2nd avenue & 9th street, New York

Fever Ray - Keep the streets empty for me - 5th Avenue & 28th street, New York

Aloe Blacc - Green Lights - Venice Avenue, Los Angeles


Cette nouvelle série de libellés s'inspire du travail de Hans-Peter Feldmann, Pictures of Car Radios Taken While Good Music was Playing.
Climats de l'instant, il vous suffit de cliquer sur le gras titre pour les partager.

Pics. FM

AUX PASSANTES

Ce qui donne tant de prix à mes yeux au décor de la rue parisienne, c’est la présence constante et fugitive de ces femmes croisées à chaque instant et que j’ai la quasi certitude de ne plus jamais revoir. Il suffit qu’elles soient là, indifférentes et conscientes de leur charme, heureuse de vérifier son efficacité auprès de moi comme je vérifie le mien auprès d’elle par un accord tacite sans besoin d’un sourire ou d’un regard, même à peine appuyé.

Text&Pics. Eric Rhomer, L'amour l'après-midi, 1972

IL EN A BESOIN


A la table de qui le Juste refuserait-il de s’asseoir

S’il s’agit d’aider la justice ?

Quel remède paraîtrait trop amer

Au mourant ?

Quelle bassesse refuserais-tu de commettre

Pour extirper toute bassesse ?

Si tu pouvais enfin transformer le monde, que

N’accepterais-tu de faire ?

Qui es tu ?

Enfonce-toi dans la fange,

Embrasse le bourreau, mais

Change le monde : il en a besoin !


text. Bertolt Brecht, Manuel pour habitant des villes

pict. ae, Jardin du Luxembourg


27/09/2010

WHILE THE WORLD IS MANY DIMENTIONAL

We are crucified on one plane,
while the world is many dimentional.
We are aware of that
and are tormented by our inability
to know the truth.
But there is no need to know it!
We need to love.
And to believe.
Faith is knowledge with the help of love.

Text. Andreï Tarkovsky, Instant Light - Italy
Pict. FM, Vol philadelphie-New York, USA

24/09/2010

ALORS QU'IL N'EST PAS SI TARD



Alors qu'il n'est pas si tard, les ombres ont déjà pris leurs places effrayantes et avec elles s'entrelacent nos doutes. C'est l'heure séduisante de la nuit, avant son calme indolent. Les enfants s'agitent, ces messagers naïfs. Ailleurs des gens crient, preuve indéniable d'un courage fugitif. Les petites tables se rétrécissent et les lampes de chevet fanent. C'est la dernière heure de l'extraordinaire, du poignard aveugle aux aveux amoureux du laid, il est encore possible de croire à cette heure là.


pict/text : ae


C'EST GORKI OU LENINE OU MAIAKOVSKI JE NE SAIS PLUS


“Hypothèse A, la vie sociale et toute action politique est totalement dépourvue de sens. Hypothèse B l’histoire a un sens. Je ne suis absolument pas sûr que l’hypothèse B ait plus de chance d’être vraie que l’hypothèse A, je peux même dire qu’elle en a moins. Admettons que l’hypothèse B n’a que 10 pour cent de chances et l’hypothèse A quatre vingt dix pour cent. Néanmoins je ne peux pas ne pas parier pour l’hypothèse B parce qu’elle est la seule, l’histoire à un sens, elle est la seule qui me permette de vivre. Admettons que j’ai parié pour l’hypothèse A et que l’hypothèse B se vérifie malgré ses dix pour cent de chance seulement alors j’ai absolument perdu ma vie. Donc je dois choisir l’hypothèse B parce qu’elle est la seule qui justifie ma vie et mon action. Naturellement, il y a quatre vingt dix pour cent de chance que je me trompe, mais cela n’a aucune importance. -C’est ce qu’on appelle l’espérance mathématique, c’est-à-dire le produit du gain par la probabilité. Dans le cas de ton hypothèse B, la probabilité peut être faible mais le gain est infini puisque c’est pour toi le sens de ta vie et pour Pascal le salut éternel. - C’est Gorki ou Lénine ou Maiakovski je ne sais plus qui disait à propos de la Révolution russe, à propos de la prise du pouvoir, que la situation était telle à ce moment là qu’il fallait mieux choisir la chance sur mille, parce que l’espérance en choisissant cette chance sur mille, était infiniment plus grande qu’en ne la choisissant pas”


Dialogue entre Vidal et Jean-Louis l’ingénieur, Ma nuit chez Maud, Eric Rohmer 1969
Pics. Ma nuit chez Maud, Eric Rhomer 1969

JAUNE ADULESCENCE

Homme:” tu ne bois rien? tu as encore quelque chose à faire cette nuit?”
Femme:”suis je donc autre que d’habitude”
H:”autre, comme toujours”
F:”ça veut dire quoi?”
H:”tu es de ces rares gens en présence desquels on n’a pas besoin d’avoir peur, tu es une femme pour qui il n’est pas nécessaire de jouer un rôle”

text: Peter Handkle,la femme gauchère

pict. ae

19/09/2010

MARTIN, CAFE DIVINE, SAN FRANCISCO, 17:06


Sigmunt. Ben mon vieux Martin nous voilà arrivés à San Fransico, après quelques jours à Brooklyn, te voilà sur la côte californienne, en terrasse d’un café français, en train de boire un verre de vin et fumant une clope, on se refait pas, hein!

Martin. Eheh

S. Comme tu sais je tiens un blog qui porte haut les couleurs de l’internationale trouduc, dont je suis désormais la figure représentative. Il m'est venu une idée il y a quelque temps, celle d'interroger mes amis, mes proches, les gens qui semblent avoir quelque chose à dire ou à penser sur un film, un livre et éventuellement un album, et de les laisser commenter ce choix, dans un lieu qu'ils ont préalablement choisi. Voilà: tu as l'honneur d'être le premier.

M. Hum, hum merci...c'est beaucoup de considération.
En arrivant chez toi il y a quelques jours, l'atmosphère du quartier (dans le Brooklyn encore entièrement noir où des vieux jouent aux dames dans la rue berçant leurs paresseuses journées par du doux reggae) cela m'a rappelé ce film, Smoke de Wayne Wang. C'est la suite d'un documentaire fiction écrit et réalisé par Paul Auster, Brooklyn Boogie. Il reprend le personnage principal et l'incorpore dans une série de plusieurs histoires d'individus qui se croisent sans cesse à Brooklyn. Dans ce chassé-croisé pathétique, le veuf, le tabagiste, le fils qui recherche son père, c'est le quartier l'élément principal du film. Ce n’est pas la version sauve villageoise du quartier. Ca parle de l'épuisement du lieu, du tabagiste qui tous les matins prend en photo le croisement devant sa boutique, de ces personnages qui cherchent quelque chose ailleurs, mais qui se croisent dans cet extérieur puissant. Cela parle simplement de la solitude dans la métropole et comment le monde de Brooklyn leur permet de survivre. En marchant dans la rue pour la première fois là-bas, j'ai pensé à Smoke.

Pour le livre, je crois que je vais revenir plutôt à mon côté sentimentaliste, faire un petit clin d’oeil au trouducisme bien européen avec Lady Chatterlay's Lover de D.H Lawrence. Je crois que l'aristocratie anglaise est aujourd’hui intéressante car elle était extrêmement puissante dans sa manière d'enfermer les gens dans leur propre classe. Quand je pense à Lady Chatterlay, et comment par un amour incontrôlé entièrement érotique elle sort de sa condition d'aristocrate, j'arrive à imaginer quand je vois deux personnes dans la rue se regarder, bien que complètement anonyme et inconnus l'un de l'autre, qu’ils peuvent encore malgré eux trouver la possibilité d'avoir une relation réelle.


Smoke, Wayne Wang, 1995
Lady Chatterlay's Lover , D.H Lawrence, 1928
Pict. FM


18/09/2010

LAZY



01. Ageing - Gonjasufi - A Sufi And A Killer - 2010
02. Green Is The Colour - Pink Floyd - More - 1969
03.
Look at me - John Lennon - Acoustic - 1970
04. Psychotic Girl - The Black Keys - Attack And Release - 2008
05.
Julia Dream - Pink Floyd - Relics - 1971
06. Lovers Carvings - Bibio - Ambivalence Avenue - 2008
07. Helplessly Hoping - Crosby, Stills & Nash - Crosby, Stills & Nash- 1969
08. Strange Meetin II - Nick Drake
09. Amo Bishop Roden - Boards Of Canada - In A Beautiful Place Out In The Country - 2000

pics. Hiroshi Sugimoto

a saisir ici

14/09/2010

INTESTELLAR OVERDRIVE


01. Grantchester Meadows - Pink Floyd - Ummagumma Studio Album - 1969
02. If I Had a Heart - Fever Ray - Fever Ray – 2009
03. Several Species Of Small Furry Animals Gathered Together In A Cave And Grooving With A Pict - Pink Floyd - Ummagumma Studio Album – 1969
04. Pruit Igoe & Prophecies - The Philip Glass Ensemble – 1998
05. Crying Song – Pink Floyd – More – 1969
06. Johannes-Passion (St. John Passion), BWV 245 – Peter Kooy (Bass); Barbara Schlick (Soprano); William Kendall (Tenor); Howard Crook (Tenor); Peter Lika (Bass); Catherine Patriasz (Alto); Gent Collegium Vocale; La Chapelle Royale; Philippe Herreweghe (Conductor)- Johannes Passion – 1986
07. The Grand Vizier's Garden Party (Entrance) – Pink Floyd - Ummagumma Studio Album – 1969
08. Edges of Illusion - John Surman – Upon reflection – 1979
09. The Grand Vizier's Garden Party (Entertainment) – Pink Floyd - Ummagumma Studio Album – 1969
10. The Grand Vizier's Garden Party (Exit) – Pink Floyd - Ummagumma Studio Album – 1969
11. Planetes – Mondkopf – Galaxy of Nowhere – 2009
12. Not Yet Remembered - Brian Eno and Harold Budd - Ambient 2/The Plateaux Of Mirror – 1980
13. Metamorphosis Five – Philip Glass – Solo Piano - 1989
14. Alan's psychedelic Breakfast – Pink Floyd – Atom Hearth Mother - 1970

pics. Ivan Leonidov, Palais de la Culture du quartier Proletarskij (« Prolétariat »)

a saisir ici

LE TOUR COMME EPOPEE


Le monde nous envie le Tour de France, surtout depuis que le vélo est trendy, en particulier dans ses versions les plus édulcorées. Et déjà les nouveaux esthètes de la bicyclette se saisissent des signes anciens d’un Tour encore mythique : casquettes, bidons, maillots et autres signes de la “caravane” s’échangent sur la toile comme les trophées d’un monde révolu et éventuellement renaissant. Petite gourmandise des années 50, le récit qu’en fait R. Barthes dans ses Mythologies est assez fascinant. Suffisamment désuet pour l’apprécier comme un délice d’archives, la lecture qu’il en fait n’en reste pas moins pointue.

“Il y a une onomastique du Tour de France qui nous dit à elle seule que le Tour est une grande épopée. Les noms des coureurs semblent pour la plupart venir d’un âge ethnique très ancien, d’un temps où la race sonnait à travers un petit nombre de phonèmes exemplaires (Brankart le Franc, Bobet le Francien, Robic le Celte, Ruiz l’Ibère, Darrigade le Gascon). Et puis, ces noms reviennent sans cesse ; ils forment dans le grand hasard de l’épreuve des points fixes, dont la tâche est de raccrocher une durée épisodique, tumultueuse, aux essences stables des grands caractères, comme si l’homme était avant tout un nom qui se rend maître des événements : Brankart, Geminiani, Lauredi, Antonin Rolland, ces patronymes se lisent comme les signes algébriques de la valeur, de la loyauté, de la traîtrise ou du stoïcisme. C’est dans la mesure où le Nom du coureur est à la fois nourriture et ellipse qu’il forme la figure principale d’un véritable langage poétique, donnant à lire un monde où la description est enfin inutile. Cette lente concrétion des vertus du coureur dans la substance sonore de son nom finit d’ailleurs par absorber tout le langage adjectif : au début de leur gloire, les coureurs sont pourvus de quelque épithète de nature. Plus tard, c’est inutile. On dit : l’élégant Coletto ou Van Dongen le Batave ; pour Louison Bobet, on ne dit plus rien.
[...]
Le coureur trouve dans la Nature un milieu animé avec lequel il entretient des échanges de nutrition et de sujétion. Telle étape maritime (Le Havre-Dieppe) sera iodée , apportant à la course énergie et couleur ; telle autre (le Nord), faite de routes pavées, constituera une nourriture opaque, anguleuse : elle sera littéralement "dure à avaler” ; telle autre encore (Briançon-Monaco), schisteuse, préhistorique, engluera le coureur. Toutes posent un problème d’assimilation, toutes sont réduites par un mouvement proprement poétique à leur substance profonde, et devant chacune d’elles, le coureur cherche obscurément à se définir comme un homme total aux prises avec une Nature-substance, et non seulement avec une Nature-objet. Ce sont donc les mouvements d’approche de la substance qui importent : le coureur est toujours représenté en état d’immersion et pas en état de course : il plonge, il traverse, il vole, il adhère, c’est lien au sol qui le définit, souvent dans l’angoisse et dans l’apocalypse.
L’étape qui subit la personnification la plus forte, c’est l’étape du Mont Ventoux. Les grands cols, alpins ou pyrénéens, pour durs qu’ils soient, restent malgré tout des passages, ils sont sentis comme des objets à traverser ; le col est trou, il accède difficilement à la personne ; le Ventoux, lui, a la plénitude du mont, c’est le dieu du Mal, auquel il faut se sacrifier. Véritable Moloch, despote des cyclistes, il ne pardonne jamais aux faibles, se fait payer un tribut injuste de souffrances. Physiquement, le Ventoux est affreux : chauve (atteint de séborrhée sèche, dit l’Equipe), il est l’esprit même du sec ; son climat absolu ( il est bien plus une essence de climat qu’un espace géographique) en fait un terrain damné, un lieu d’épreuve pour le héros, quelque chose comme un enfer supérieur où le cycliste définira la vérité de son salut, soit par pur prométhéisme, opposant à ce dieu du Mal, un démon encore plus dur (Bobet, Satan de la bicyclette).
Le Tour dispose donc d’une véritable géographie. Comme dans l‘Odyssée, la course est ici à la fois périple d’épreuves et exploration totale des limites terrestres. Ulysse avait atteint plusieurs fois les portes de la Terre. Le Tour, lui aussi frôle en plusieurs points le monde inhumain : sur le Ventoux, nous dit-on, on a déjà quitté la planète Terre, on voisine là avec des astres inconnus. Par sa géographie, le Tour est donc recensement encyclopédique des espaces humains ; et si l’on reprenait quelque schéma vichien de l’Histoire, le Tour y représenterait cet instant ambigu où l’homme personnifie fortement la Nature pour la prendre plus facilement à partie et mieux s’en libérer."
Lexique des coureurs (1955)
BOBET Jean . Le double de Louison en est aussi le négatif ; il est la grande victime du Tour. Il doit à son aîné le sacrifice totale de sa personne , “en frère”. Ce coureur, sans cesse démoralisé, souffre d’une grande infirmité : il pense. Sa qualité d’intellectuel patenté (il est professeur d’anglais et porte d’énormes lunettes) l’engage dans une lucidité destructrice : il analyse sa souffrance et perd en introspection l’avantage d’une musculature supérieure à celle de son frère. C’est un compliqué, donc un malchanceux.
BOBET Louison . Bobet est un héros prométhéen ; il a un magnifique tempérament de lutteur, un sens aigu de l’organisation, c’est un calculateur, il vise réalistement à gagner. Son mal, c’est un germe de cérébralité (il en a moins que son frère, n’étant, lui, que bachelier) ; il connaît l’inquiétude, l’orgueil blessé : c’est un bilieux. En 1955, il a dû faire face à une lourde solitude : privé de Koblet et de Coppi, devant lutter avec leurs fantômes, sans rivaux déclarés, puissant et solitaire, tout lui était menace, le danger pouvant surgir de partout (“il me faudrait des Coppi, des Koblet, car c’est trop dur d’être seul favori”). Le bobétisme est venu consacrer un type de coureur très particulier, où l’énergie est doublée d’une intériorité analytique et calculatrice.
BRANKART . Symbolise la jeune génération montante. A su donner de l’inquiétude à ses aînés. Rouleur magnifique, d’humeur offensive sans cesse renaissante.
COLETTO . Coureur le plus élégant du Tour.
COPPI . Héros parfait. Sur le vélo, il a toutes les vertus. Fantôme redoutable.
DARRIGADE . Cerbère ingrat, mais utile. Serviteur zélé de la Cause tricolore, et pour cette raison, pardonné d’être un suceur de rou, un geôlier intraitable.
De GROOT. Rouleur solitaire, taciturne batave
GAUL . Nouvel archange de la montagne. Éphèbe insouciant, mince chérubin, garçon imberbe, gracile et insolent, adolescent génial, c’est le Rimbaud du Tour. A de certains moments, Gaul est habité par un dieu ; ses dons surnaturels font alors peser sur ses rivaux une menace mystérieuse. Le présent divin offert à Gaul, c’est la légèreté : par la grâce , l’envol et le plané (l’absence mystérieuse d’efforts), Gaul participe de l’oiseau ou de l’avion ( il se pose gracieusement sur les pitons des Alpes, et ses pédales tournent comme des hélices ). Mais parfois aussi, le dieu l’abandonne, son regard devient alors “étrangement vide”. Comme tout être mythique qui a le pouvoir de vaincre l’air et l’eau, Gaul, sur terre, devient balourd, impuissant ; le don divin l’encombre ( “je ne sais pas courir autrement qu’en montagne. ET encore en montée, seulement. EN descente je suis maladroit ou peut être trop léger” ).
GEMINIANI (dit Raph ou Gem) . Court avec la régularité loyale et un peu obtuse d’un moteur. Montagnard honnête mais sans flamme. Disgracié et symathique. Bavard.
HASSENFORDER (dit Hassen le Magnifique ou Hassen le Corsaire) . Coureur combatif et suffisant (“des Bobet, moi, j’en ai un dans chaque jambe”). C’est le guerrier ardent qui ne sait que combattre, jamais feindre.
KOBLET, Pédaleur de charme qui pouvait tout se permettre, même ne pas calculer ses efforts. C’est l’anti-Bobet, pour qui il reste , même absent, une ombre redoutable, comme Coppi.
KUBLER (dit Ferdi, ou l’Aigle de l’Adziwil). Angulaire, dégingandé, ses et capricieux, Kubler participe au thème du galvanique. Son jump est parfois soupçonné d’artificialité. Tragediante-comediante ( tousse et boite seulmenet quand on le voit). En sa qualité de Suisse allemand, Kubler a le droit et le devoir de parler petit-nègre comme les Teutons de Balzac et les étrangers de la Comtesse de Ségur (“Ferdi malchanceux. Gem toujours derrière Ferdi. Ferdi peut pas partir”).
LAUREDI . C’est le traître, le maudit du Tour 55. Cette situation lui a permis d’être ouvertement sadique : il a voulu faire souffrir Bobet en devenant sangsue féroce derrière sa roue. Contraint d’abandonner : était-ce une punition ? en tout cas, sûrement un avertissement.
MOLINERIS . L’homme du dernier kilomètre.
ROLLAND (Antonin) . Doux, stoïque, sociable. Routier dur au mal, régulier dans ses performances. Gregarius de Bobet. Débat cornélien : faut-il l’immoler ? Sacrifice type, puisque injuste et nécessaire.

Text. Roland Barthes dans Mythologies, 1957

01/09/2010

LA DELICIEUSE SOLITUDE LONGE SOUVENT LE BORD DE LA ROUTE

” Tout ce que je touche me fait mal, et , enragé des supplices que je veux attribuer à des puissances inconnues qui me persécutent et entravent mes efforts depuis tant d’années, j’évite les hommes, néglige les réunions, décommande les invitations, et éloigne les amis.

Il se fait autour de moi du silence et de la solitude : c’est le calme du désert, solennel, horrible, où par bravade je provoque l’inconnu, luttant corps à corps, âme à âme.
Je me sens sublime , flottant sur la surface de quelque mer : j’ai levé l’ancre et je n’ai nulle voilure.”

text. August Strindberg / Inferno

pics. Vahram Aghasyan

ELLES NE M'EXCUSERONT PAS TOUTES

Je crois que j'aime trop l'amour que pour médiocrement aimer les femmes

pict, text .ae , Palais Royal

NOUVEAU PROLETARIAT



“Tous les progrès de l’existence mène aux mêmes aéroports et aux mêmes hôtels sur la plage, à la même Pina Colada pipeau. Les touristes sourient à leur bronzage et à leurs dents éclatantes, et s’imaginent être heureux. Mais les bronzages cachent ce qu’ils sont vraiment, des esclaves salariés, la tête pleine de merde américaine (…) (…)Regardez le monde autour de vous, que voyez-vous? Un immense parc à thème où tout est transformé en spectacle. La science, la politique, l’éducation sont autant d’attractions. Le plus triste, c’est que les gens sont ravis d’acheter leurs billets pour grimper à bord (…)
(…)La plupart des révolutionnaires du siècle dernier avait aspiré exactement à ce niveau d’aisance et de loisirs, et je me dis soudain que j’assiste à l’émergence d’une forme supérieure d’ennui”

Text. James Graham Ballard, Millenium People

pics. Martin Parr