14/06/2011

JULIETTE / DEUXIEME PARTIE


Évidemment chaque prénom avait sa sonorité et son timbre et en rien le prénom de Juliette ne ressemblait à celui d'Eugénie ou de Joséphine. Il y avait toute une gestuelle buccale, un paysage de connaissances ou même de saveurs qui composaient un assemblage complexe pour chacun d'entre eux. Néanmoins cette construction ne trouvait aucun signifiant figé et restait modulable. Une signification en permanence manipulée par ses rencontres ou même ses humeurs. C'est bien cela qui l'enthousiasmait, décupler ses valeurs là et, voir constamment son environnement en perpétuelle mutation. En effet, une lampe restera toujours une lampe et pour tout le monde, mais appelez la Marine et la voilà embarquée dans la grande aventure, on pouvait alors la désirer un certain temps et plus tard, la trouver totalement détestable. Ce même exercice était tout aussi vérifiable dans l'autre sens: un petit doigt de pied assommé au matin dans une bordure de lit et c'était un mauvais sourire pour sa collègue qui avait le malheur de porter le même prénom que ce quadrupède nocturne.
C'est ainsi en réunissant le monde des objets, des lumières et des sens à l'imprédictibilité et l'absurdité des rapports humains qu'il trouvait une juste lecture totale de son monde, et nager ainsi dans les fabuleuses mesures de chaque prénom qui l'entourait.


pict/text. ae


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